Les copains Thabor

La tradition, ça a du bon…

Une tradition, on a toujours l’impression que c’est quelque chose qui nous vient du passé, que c’est incontournable sans que l’on sache pourquoi, sans que l’on sache exactement comment ça a commencé. C’est assurément ancien, parfois poussiéreux, potentiellement pesant. On dit « c’est la tradition » en soulevant un peu les coudes. L’impression d’une certaine obligation est là…

Mais il faut bien qu’elle commence un jour cette tradition. Elle a forcément une origine, une « première fois »…

Celle qui me remet devant ce blog a commencé l’année dernière avec quatre copains. Quatre copains qui décident de partir faire le Tour du Mont Blanc, puis qui l’année d’après décident de se retrouver parce qu’un petit trek l’été, c’est top. Cette tradition là n’est ni vieille, ni pesante, ni poussièreuse. Elle rafraichi, elle désaltère, elle offre les joies de la découverte, de la déconnade, de la mise en parenthèse du quotidien. Cette année, ce sera sur le Mont Thabor.

Col de la Vallée Etroite

Demain, dès l’aube…

La première blague se joue quelques jours auparavant au sujet de mon heure de départ de la maison. Nous voulions poser la voiture à Névache vers 9h30 pour ne pas terminer notre première étape trop tard. Cela signifiait un passage chez JC vers 7h00, donc un ramassage de JP et Christophe vers 6h00, donc un décollage de chez moi à 5h00… On rigole avec vous les potes !

Le jour J le scénario se déroule pratiquement comme prévu. Une petite perte de temps due au fait que je loupe une sortie d’autoroute, une autre liée au fait que JC oublie ses lunettes de soleil à un endroit qui me surprend encore quand j’y repense, mais pour finir nous sommes sacs au dos et chaussures aux pieds à 10h00 pétantes à Névache. Il fait un peu chaud. Nous comptons sur l’altitude pour nous maintenir dans un climat propice à l’effort. Nous partons pour 1500 D+. Il y a des premiers jours plus durs que d’autres !

Un début classique

C’est le jour un…

Le sentier commence par serpenter dans la forêt mais débouche rapidement sur un plateau. Là, nous comprenons que le décor ne sera pas tout à fait comme d’habitude. Malgré les innombrables lacs, on sent l’arridité de partout et les montagnes avoisinantes sont dépourvues de végétation. En contrepartie la roche possède des couleurs d’une variété extraordinaire. Cela sera le leitmotiv des ces quatre jours. Le massif du Thabor et le massif des Cerces que nous allons parcourir offrent un spectacle bien plus riche que l’éternel calcaire des préalpes ou que le granit gris de Belledonne. Ici c’est ocre, gris, brun, blanc, rose, jaune et même rouge.

Et au fond, le Mont Thabor…

Nous franchissons le col des Thures et profitons de quelques arbres pour faire la pose déjeuner. Christophe et moi, en bons touristes, avons compté sur JC pour les sandwichs. C’est un oubli que je ne regrette absolument pas car je le redis « JC, ton sandwich était top de gamme ! ». Je dois avouer que ce n’était pas la seule chose qui nous manquait. J’en reparlerai. Peut-être…

Malheureusement pour nous, il faut perdre un peu d’altitude avant d’entreprendre le trajet final jusqu’au refuge du Mont Thabor qui est le but de cette journée. C’est l’occasion de faire un rapide passage par l’Italie car le fond de la vallée se situe de l’autre côté de la frontière(*). S’il n’y avait pas un refuge « Terzo Alpini » ici, nous pourrions parfaitement ignorer que nous sommes à l’étranger. Le retour sur sol français n’est d’ailleurs pas plus remarquable. Les joies de la randonnée !

Je disais c’est loin mais c’est beau !

Nous partons donc à l’assaut du dernier tronçon pleins de courage. Un rapide coup d’oeil à notre application de cartographie préférée montre que l’ascension sera douce. L’euphorie de cette nouvelle nous empèche de voir qu’elle sera longue. Très longue… De plus, le petit air frais sur lequel nous comptions n’est pas pressé de se manifester et bien que nous soyons très largement au dessus de 2000 mètres d’altitude, la température reste élevée. Nous marchons donc sur un sentier « relativement plat » entrecoupé de « coups de cul » qu’il est difficile de deviner sur la carte mais qui « tapent » bien dans les cuisses et les mollets. Pendant ce temps, la toupie iPhiGéNiesque se traine sur le tracé comme si elle était ancrée dans le rocher. Nous marchons, nous marchons encore…

Col de la Vallée Etroite

L’arrivée au Col de la Vallée Etroite nous laisse penser que nous touchons au but mais à l’horizon, point de refuge. Tel ma soeur Anne, je ne vois rien venir d’autre que le sentier qui poudroie et qui poudroie encore… Cela fait maintenant six heures que nous sommes partis, pratiquement douze heures que je suis levé (alors qu’il n’est que 16 heures, j’insiste…)

Peu avant le seizième kilomètre, je distingue enfin la tireuse à bière le refuge. Ses constructeurs l’ont malicieusement posé sur les vestiges d’une moraine, histoire de voir si les 20 mètres de dénivelés à faire pour atteindre la terrasse feraient renoncer quelques randonneurs manquant de motivation… L’humour de montagne !!!

Lacs Marguerite

À quelques pas des Lacs Marguerite (compter encore 20 mètres de dénivelé pour les voir !) le refuge du Mont Thabor est une récompense qui se mérite mais qui vaut très nettement la balade. Les gardiens y sont forts sympathiques et nous avons eu un dîner vegan particulièrement savoureux. Un très bon souvenir avec bien entendu un bon gros fou rire au sujet de la thématique des excellents plats. Je n’en dirai pas plus.

Gardien de l’accès aux Lacs Marguerite
Refuge du Mont Thabor

Cette balade ne présente aucune difficulté. Les 1500 D+ passent facilement car ils sont étalés sur seize kilomètres. C’est le chiffre qu’il faut retenir car ça peut paraître long. Mais le paysage est grandiose et c’est la porte vers le Mont Thabor. C’est prévu pour demain, donc à suivre…

(*) vous remarquerez aisément sur cette carte qu’à aucun moment le tracé ne passe en Italie. Le refuge Terzo Alpini est définitivement en France ! L’altitude me fait parfois dire des choses étranges…

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