25 juillet. Jour J, D day, Bref le grand jour pour la TMB team. Le but de ces trois mois de préparation, c’est maintenant. J’ai rendez-vous à 8h00 avec JC à Trient où je laisserai ma voiture. Nous rejoindrons Christophe et JP aux Houches. Je suis impatient. Hier j’ai fait et refait mon sac dix fois. Nous avons échangé par message pour comparer les charges. J’ai toute la liste que JC à faite il y a quelques semaines. J’ai ajouté un carnet pour prendre des notes. Avec les trois litres d’eau mon sac pesait quinze kilos. J’ai enlevé deux kilos de noisettes, d’abricots secs et de mélange spécial randonnée…
Malgré le stress du départ, j’ai bien dormi. Je me lève quand même avant que le réveil sonne. Toutes mes affaires sont dans l’entrée. Je me fais un café, je mange un peu, la matinée risque d’être longue. Je recommande au chat de ne pas mettre l’appartement à sac pendant cette semaine. Mes filles ont promis de venir le voir. C’est l’heure, ou peut-être un peu avant l’heure. J’y vais.
Le coffre de la voiture se referme sur ce qui sera ma vie pendant sept jours. Même si je suis sorti en montagne tous les week-end depuis trois mois, je sais que ces chaussures, ces bâtons, ce sac et son contenu auront pris une autre dimension à mon retour. Ils seront devenus des objets intimes. La voiture démarre. Direction Martigny, puis le Col de la Forclaz et enfin Trient. J’ai un gros coup de fatigue. Je n’ai plus rien à penser, à organiser, à réfléchir. Il s’agit désormais de marcher, de gérer peut être la douleur, la fatigue. Sept jours de marche, des grosses étapes, du dénivelé. Je ne l’ai jamais fait. Il faut lâcher prise sur les angoisses, les petites inquiétudes et les grandes questions.
Martigny. Le ciel est superbe au dessus de la ville. La Forclaz, Trient déjà. Des randonneurs partout, des campeurs partout, je suis dans l’ambiance. Des souvenirs reviennent. Je sais qu’une des étapes sera intense au niveau des émotions. Je trouve un parking tranquille près de l’église. Un message à JC pour lui envoyer ma position. Il est à Argentière, il arrive.
Je charge mon sac et mes chaussures dans sa voiture et nous partons sans faiblir vers les Houches ! Un arrêt à Vallorcine pour acheter un encas pour midi et nous arrivons. JP et Christophe sont là, sandwich en main. Je ne sais pas ce qu’il se passe dans leur tête. JC est très pro. Il se prépare sans hésitation. Je suis un amateur. Où dois-je mettre cette veste ? Où est ma casquette ? Ils ont l’air plus en forme que moi, vais-je tenir le coup ? Est-ce que tout va bien se passer ?

Nous sommes prêts, direction le télécabine de Bellevue. C’est notre premier jour et il est suffisamment copieux pour que nous nous économisions la montée au Col de Voza sans crouler sous la honte. Nous plaisantons au moment du départ. Je regarde la forêt qui défile sous nos pieds. La cabine est bourrée de randonneurs. Je regarde mes chaussures. Le crochet de languette m’a posé des problèmes lors de mes sorties précédentes et j’ai décidé de simplifier le laçage. Tout à l’air ok. Mon esprit cherche à éviter une petite pointe de stress devant ce qui nous attend. Mes yeux cherchent des distractions. Je remarque un petit bout de métal au bout de mon pied. Je le ramasse et je le pose sur la structure de la cabine.
La gare d’arrivée se rapproche. Il fait un temps superbe. Nous avons le sourire. Contact avec le terrain. On y est. Je décroche mes bâtons, je me prépare pour les premiers mètres de cette grande boucle. Pendant sept jours nous serons ensemble dans l’effort, dans un but commun, pendant les bons moments mais peut-être aussi les mauvais. Je règle mes bâtons. Sur l’un d’eux, le crochet qui permet de bloquer le brin coulissant manque à l’appel. Très vite les images du morceau de métal que j’ai trouvé tout à l’heure me reviennent. Il était à moi. Je cours vers la gare, j’explique mon problème au conducteur qui me laisse passer. Je récupère l’objet du délit et je ressors en courant. Malheureusement il manque un petit axe pour que le blocage fonctionne. Nous avons fait deux mètres sur cent cinquante kilomètres et je me retrouve avec un bâton inutilisable. Tant pis j’improviserai. J’essaye de rester concentré sur l’objectif et de ne pas laisser ce petit incident perturber notre bonne humeur. Je rattache le bâton incomplet. Je trouverai certainement une solution. JC demande si on y va ou si on continue à jouer à la dînette ! C’est parti, direction le Col de Tricot.
Il y a beaucoup de monde. Des groupes qui partent à la journée, d’autres qui comme nous iront plus loin. Nous avons un bon rythme mais pour le moment le chemin n’est pas trop exigeant. Je marche sans me poser trop de questions. La Combe de Tricot commence à nous trier. Mes camarades sont plus rapides que moi. Je souffre un peu de la chaleur et du poids de mon sac. Je pose un pied après l’autre. Je ne veux pas m’arrêter sur les côtés négatifs. Je savais que ça serait difficile et ça n’est que le premier jour. Je me suis entraîné, je n’ai mal nul part, tout va bien.
Col de Tricot
Des dizaines de personnes regardent les Chalets de Miage six cents mètres plus bas. Le temps magnifique de cette semaine de juillet a jeté tous les promeneurs sur les sentiers. Nous nous posons cinq minutes, le temps de manger deux noisettes et de boire une gorgée d’eau. L’illusion de diminuer le poids du sac ! Nous commençons la descente. C’est très raide et l’absence d’un bâton se fait sentir surtout avec treize kilos dans le dos. J’enchaîne les lacets sans pouvoir soulager mes jambes et mes cuisses chauffent. Mes camarades s’éloignent de plus en plus. Je me retrouve coincé derrière quelques personnes qui descendent plus lentement que moi. Je fini quand même pas arriver aux Chalets de Miage. J’évoque notre montée au refuge de Plan Glacier il y a quelques années avec Christophe et JC. Un difficile 1500D+ avec final sur une moraine infernale. Nous essayons de deviner le refuge mais il est protégé par une corniche rocheuse qui le rend difficile à repérer.

Il est juste midi, nous pensons monter aux Chalets du Truc avant de faire notre pause déjeuner. Il n’y a que 150 D+, ça devrait aller. Sous le soleil de cette mi journée nous attaquons la montée, aussi raide que l’était la descente du col précédent. Elle est heureusement beaucoup plus courte mais mes camarades me perdent tout de même rapidement ! Ce n’est pas grave, je ne suis pas là pour la performance et heureusement nous respectons nos rythmes.
Chalets du Truc
Je les rattrape sur le plateau et nous cherchons la source indiquée sur la carte. Nous ne trouvons qu’un captage sec et une houille d’eau croupie peu attirante. Nous avons encore de l’eau mais c’est dommage que l’indication de la carte soit fausse.
JC et moi avions pris un pain au chocolat en guise de dessert équilibré. Je savais que j’allais le regretter et sitôt la dernière bouchée avalée son poids se fait sentir sur mon estomac. Il nous reste encore une belle trotte et un dénivelé conséquent. Surtout, nous devons redescendre presque aux Contamines avant de pouvoir remonter au refuge de Tré la Tête. Il fait très chaud. Heureusement l’itinéraire suit une route forestière, certes un peu monotone mais en partie ombragée.
Tré la Tête
Les choses sérieuses reprennent lorsque nous arrivons en vue des Contamines. Nous sommes à moins de 1400 mètres d’altitude et le refuge est presque à 2000. Nous avons déjà cumulé presque 800 D+ aujourd’hui. Le temps de choisir entre les deux chemins possibles et nous entrons dans le vif. La décision a été prise de suivre le Nant d’Armancette qui nous permettra de rejoindre le chemin Claudius Bernard après une magnifique traversée en balcon. Mais pour l’instant il s’agit de gravir cette combe en suivant un sentier entouré d’une végétation quasi tropicale. C’est raide mais c’est très beau. JP et Christophe restent avec moi pendant que JC file en tête. Nous le perdons rapidement de vue. C’est son challenge de la journée ! Nous finissons par le rejoindre. Il est tranquillement posé sur un rocher accueillant. Après un arrêt boisson nous repartons. Je suis en tête et je me sens en forme. Le sentier suit un balcon taillé dans le rocher. La vue est magistrale et nous profitons au maximum des derniers kilomètres avant l’arrivée.

Tré la Tête nous montre enfin son toit. Je suis content de l’apercevoir car marcher devant me met un peu de pression ! Encore quelques lacets et je vois les tables sur lesquelles j’imagine déjà les bières fraiches ! Nous finissons notre première étape avec presque 1400 D+ mais une altitude inférieure de cent mètres à celle du Col de Tricot. Ce sera le gag du jour !


Nous passons donc une excellente soirée qu’il nous faut malheureusement écourter car la fatigue de la journée est bien là. Demain nous repartons pour la deuxième étape. Nos lits nous accueillent pour ce que nous pensons tous être une bonne nuit de récupération. Je ferme les yeux, je m’endors aussitôt.
Conclusion
Et bien non, pas de conclusion aujourd’hui ! J’en ferai une pour tout le Tour lors de la dernière étape ! Il faudra être patient !
Je vais plutôt présenter mes compagnons de route.

Il y a d’abord Christophe. Je le connais depuis bientôt 20 ans. Nous nous retrouvons dans l’amour de cette montagne, de ces glaciers. C’est l’instigateur de ce TMB mais également de pratiquement tous nos bivouacs. Il a une passion pour la chaîne de Belledonne. Il y a laissé d’ailleurs bon nombre de semelles en guise d’offrandes.

Vient ensuite JP. Une gentillesse extrême et une force de locomotive. Le coeur sur la main, toujours près à se charger plus pour t’alléger si tu as besoin. Il parait inépuisable. Une vraie belle rencontre avec qui j’ai beaucoup de plaisir à marcher et à parler.

Et enfin JC. Le plus jeune et le plus engagé dans les sports de montagne. Un mental d’acier. Il aime accompagner les autres tant physiquement que mentalement : jca-coaching
Très difficile à suivre s’il se lance un défi sur un chemin mais toujours à l’écoute des autres.
Et oui, je sais, il n’y a pas beaucoup de photos aujourd’hui. Je devais être concentré sur l’effort. Tout va s’arranger par la suite !
et oui les photos entre les textes elles me manquent, Bisous
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Ce jour là j’ai pensé à marcher d’abord !!!!!
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