La quatrième étape de notre TMB se présente sous un jour un peu plus incertain en termes de météo. Bien reposé par une nuit placée sous le signe de l’enclume, je me lève prêt à en découdre avec les éléments. L’itinéraire n’a rien de facile. Nous aurons à prendre 600 D+ en toute fin de parcours pour rejoindre le refuge Bertone, mais pour le moment nous profitons de la douceur locale et avançons rapidement pour distancer le groupe d’ados chinois qui est parti avant nous et que nous venons de doubler en coupant lâchement les virages qui descendent d’Elisabetta.

Le géant timide
La sortie de la vallée est bouchée par une énorme moraine dont on ne prend la mesure que lorsqu’on arrive à proximité. Elle a été poussée là par le glacier de Miage qui est toujours présent même s’il faut le deviner sous la couche de terre et de cailloux qui le recouvre. C’est dire le géant qu’il était. Les glaciers voisins se sont retirés bien plus haut depuis longtemps.
L’arrivée sur cette moraine signifie la fin du plat. Le sentier entame droit dans la pente à la mode gruérienne c’est à dire en équerre parfaite par rapport aux courbes de niveau. Pendant la montée nous doublons une jeune fille chargée d’un sac énorme. Elle avance doucement mais elle avance. Nous faisons une pause au moment où la pente se calme et elle nous rejoint presque aussitôt. Elle nous indique faire le Tour en autonomie totale en deux fois moins de temps que nous. Ce soir elle prévoit d’être en Suisse, c’est à dire notre étape de demain… Nous saluons l’effort avec un sac qui semble le triple du notre.

Détour en ville
Nous repartons en direction de notre seule rencontre avec la civilisation : Courmayeur. Avant cela il nous faut atteindre le Col de Checroui et le sommet des remontées mécaniques. Nous perdons doucement un peu de dénivelé. Les choses sérieuses débutent après ce col. Le sentier de poussière sèche qui descend à Dolonne et Courmayeur serpente dans un sous bois bien raide. La progression entre course et amorti est pénible. Je mange de la terre pendant que le temps se couvre sérieusement. Nous ressentons quelques gouttes en arrivant à Dolonne et il nous faut rapidement traverser le village pour rejoindre le centre de Courmayeur. Nos pas s’accélèrent pour que nous évitions l’orage qui s’annonce. Il éclate au moment où nous nous installons sous le store d’un café et nous pensons au groupe d’ados et à leur accompagnateur. Ils doivent être dans la descente en sous bois terreux en ce moment.

Nous terminons notre collation et attendons la fin de l’orage. Quinze minutes passent. Puis trente. Nous quittons notre abri pour aller à la gare routière juste en face afin de faire notre pause repas. Ce n’est pas très glamour mais ça passe le temps ! Nous sommes juste au départ des bus qui amènent au bout du Val Ferret italien. La pluie cesse enfin et nous enfilons les protections étanches sur les sacs pour partir en direction du refuge Bertone. Il nous faut d’abord sortir de Courmayeur avant d’attaquer véritablement le sentier. Heureusement, le terrain n’a pas trop souffert de l’orage mais quelques gouttes reviennent à l’assaut. JC s’arrête pour mettre sa veste de pluie. Je m’arrête aussi. Christophe réfléchi. Il se dit que mouillé par la pluie ou mouillé de transpiration à cause de la veste étanche, étant donné que nous serons au refuge à l’arrivée, autant s’épargner de la peine et laisser le sac fermé ! C’est un bon calcul, je repars derrière lui.
Coup de bluff
Pendant 400 D+ je tiens les semelles de mes trois cabris. Mais l’esbroufe ne dure qu’un temps et je suis obligé de lâcher ! Pas grave, je dirai que c’était pour prendre des photos ! J’arrive au refuge sous une pluie battante qui cesse dès que je suis à l’abri ! L’endroit est unique. Nous côtoyons le massif et dominons en même temps la ville et son activité.

Comme nous sommes arrivés très tôt, nous profitons d’une fin d’après-midi tranquille. Enfin, sauf JP qui, non rassasié par la journée, décide de partir marcher encore un peu. Il reviendra trois heures plus tard ! Les ados chinois arrivent, sans leur accompagnateur, ce qui nous donne l’occasion d’élaborer les théories les plus loufoques mais nous devrons attendre La Peule pour connaître la vraie raison ! Le lendemain au petit déjeuné ils auront un nouvel accompagnateur ce qui relancera nos spéculations !
Nous dinons ensuite avec un couple de randonneurs de la région grenobloise qui nous racontent leurs périples. Le Tour est également l’occasion de belles rencontres ! Le repas sera pantagruélique. Nous sommes toujours en Italie !
Au moment de me coucher je me rends compte que j’ai oublié mes boules Quies à Elisabetta. Voilà un excellent exercice de lâcher prise pour cette nuit. Je m’endors rapidement et me réveille aussi vite. La nuit sera longue mais ce n’est qu’une question d’habitude !!!

Déjà fini, je sors du rêve, car tu me fais rêver avec ces textes. J’y suis vraiment. Merci merci
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